Sol Patrimoine
Qu’est-ce que « le sol » et pourquoi ce patrimoine doit-il être sauvegardé ?
Pour le pédologue, le sol est la partie supérieure de la croûte terrestre qui évolue sous l’action conjuguée de facteurs climatiques (température, pluie, gel etc.) et de facteurs biologiques (faune, flore et micro-organismes). La formation du sol à partir de la roche-mère est un processus extrêmement lent, imperceptible à l’échelle de la vie humaine. Mais des pratiques humaines inconsidérées peuvent aboutir à une perte rapide du sol (par exemple par érosion) ou à une dégradation quasi-irréversible de ses propriétés.
Pour le biologiste, le sol est un « complexe bio-organo-minéral », milieu de vie d’un nombre considérable d’organismes vivants très variés, responsables de nombreuses transformation des composés organiques et minéraux. A l’évidence, ces organismes participent très activement non seulement à la formation du sol, mais aussi à son « fonctionnement » au jour le jour et à sa « fertilité ».
Pour l’agronome, le sol est avant tout le support de la production végétale. Avant l’invention des engrais chimiques au milieu du 19ème siècle et leur utilisation généralisée au 20ème siècle, la fertilité intrinsèque du sol conditionnait totalement les rendements. L’objectif de l’agriculteur était donc d’entretenir au mieux cette fertilité et de gérer ses sols « en bon père de famille », c’est-à-dire pour le bien de ses enfants et des générations futures. Notons qu’on retrouve ici la notion de « durabilité » aujourd’hui à la mode…
Pour certaines productions, comme la viticulture, le sol prend toute sa dimension patrimoniale avec la notion de « terroir » : le sol est un outil de production irremplaçable, typique, avec des caractéristiques particulières. On ne peut produire du Chambertin que sur des espaces très limités et le maintien de ces sols en bon état est une condition sine qua non pour pouvoir en produire encore pendant longtemps. Là encore, la notion de « durabilité » est sous-jacente et implicite : de génération en génération, le « patrimoine sol » se transmet en même temps qu’un savoir-faire permettant de conserver au mieux ses qualités. Nous aurons l’occasion de revenir en détail sur ces aspects dans un prochain billet.
Autrefois empiriques, les connaissances dans ce domaine ont beaucoup progressé. Aujourd’hui, on sait à peu près bien mesurer la fertilité des sols par des analyses physico-chimiques. Une meilleure connaissance du fonctionnement biologique du sol reste toutefois nécessaire pour une meilleure gestion des agro-systèmes. L’ambition est bien de choisir les pratiques culturales les plus appropriées, en fonction du type de sol, du climat et des productions, pour assurer non seulement une récolte satisfaisante mais aussi pour assurer la pérennité du patrimoine-sol dans toutes ses potentialités. Avec une contrainte à ne pas sous-estimer : pour être véritablement durable, l’activité de production agricole doit être aussi économiquement viable. D’où l’intérêt de privilégier comme le fait le SEMSE des travaux de recherche-développement au plus près des réalités de terrain.
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